Bienvenus, bienvenus ! J'avais commencé à écrire cette fanfiction pour les forums de jeuxvidéo.com. Mais finalement, je me suis découragé au bout de quelques pages !
Aujourd'hui, c'est le grand retour. Le revival quoi. Ça se passera tout les mercredi (si tout va bien), et ce sera uniquement ici ! Faites donc place !
Chapitre 1 : la plume perdue.Le ciel bleu au-dessus d'elle. La mer turquoise en dessous. Et le soleil chaleureux à l'horizon. Oui, en cet instant, il semble bien à Rose que les éléments se sont parfaitement alignés pour lui offrir ce temps paradisiaque. On dit souvent que les agences de voyage ne vendent que du rêve, que toutes leurs publicités sont complètement retouchées et absolument pas représentatives des destinations, mais au moins pour cette fois force est de constater que le rêve est devenu réalité. Elle l'a même dépassé d'ailleurs : un rêve ne dure qu'une nuit ; cette météo persiste depuis le début de la semaine.
Dire qu'il y a encore deux dizaines de jours, elle grattait des feuilles de papier dans des salles de classe mal isolées de Kalos où l'on cuisait à l'étuvée, le prix à payer pour la poursuite de ses études... Mais plus maintenant ! Les cocktails ont remplacé le stylo dans sa main, la lecture de
Trendings in Alola celle des leçons du soir, et son matelas flottant est nettement,
nettement plus confortable que les vieilles chaises en bois dure du lycée. Oui, tout est parfa...
Un instant. Est-ce que c'est bien une main baladeuse en train de la peloter qu'elle a l'impression de sentir sur son sein ?!
De surprise, elle ne peut retenir un petit cri d'indignation, mais ce serait se méprendre sur Rose que de croire que c'est tout ce dont elle est capable. Dans le même mouvement, elle se saisit du bras importun et le tire de toute ses forces ; vous imaginez aisément son étonnement lorsqu'elle voit surgir de l'eau, non pas un nageur pervers, mais un concombaffe qui se tortille frénétiquement pour échapper à son étau... Contrariée de l'impudence de la petite créature malgré tout, l'adolescente décide de lui inculquer une petite leçon.
-Squeeze ! Annonce-t-elle.
Le pauvre pokémon voit son appendice blanc tripler de volume et ses yeux lui sortir quasiment des orbites lorsque son corps ovale est compressé comme une baudruche par la poigne impitoyable de Rose, avant que cette dernière ne le balance sans ménagement et encore sonné dans l'océan. Dégoûtée et la paume gluante, la voilà qui pagaie paresseusement jusqu'à la plage, là où les pokémons sauvages et mal éduqués ne s'aventurent pas. Là où, également, sont restés ses parents, qui apprécient moyennement l'eau pour des raisons qui lui deviennent chaque jour plus évidentes.
Monsieur Forgeron est allongé sur une serviette de plage, magazine sur la tête pour se protéger du soleil et visiblement endormi, contrairement à madame, occupée à capter un maximum de soleil suivant l'exemple de son rozbouton Praline. On ne peut pas dire de sa maman qu'elle soit particulièrement belle, ça Rose en convient, même si elle est très loin d'être une laideronne non plus, mais elle a par contre des formes avantageuses et elle le sait. Elle ne l'avouera jamais mais il crève les yeux que son petit plaisir coupable est de rendre son mari jaloux en attirant les regards par des maillots de bain avantageux et des poses lascives...
-Alors mon trésor, on se lasse des jeux d'eau ? C'est bientôt l'heure du déjeuner tu sais, on peut faire une petite promenade à Konikoni avant de se mettre à table. Je ne crois pas que ton père ait quelque chose à objecter là-dessus vu sa façon de profiter de la plage.
Seul lui répond le mouvement du magazine qui bouge au rythme des respirations du dormeur. Même Praline semble enthousiasmée par l'idée et commence à faire des petits ronds d'impatience dans le sable autour de Rose. Cette dernière l'attrape en passant pour essuyer le sable mouillé collé aux feuilles de la petite plante surexcitée avec une serviette à mains qui dépasse du sac fourre-tout familial.
-Pourquoi pas ? Répond-elle distraitement. J'ai eu mon compte de baignade pour la journée de toute manière. Quel est le planning pour cet ap – Maman !
Jade venait d'étaler à l'improviste une bonne quantité de crème solaire sur le visage de sa fille alors que son attention était encore focalisée sur le rozbouton. C'est le genre de surprise dont la petite pourrait se passer : c'est froid, gras et désagréable de manière générale.
-Désolée ma chérie. Tu sais à quel point il est important de se protéger du soleil dans ce genre de région. La dernière chose dont on a envie c'est que notre petit séjour se termine à l'hôpital parce que ta peau desquamée et brûlée s'est infectée.
-Tch. Tu passes ton temps à imaginer le pire, mais à quand remonte la dernière fois qu'on a vraiment eut des ennuis ? bouda Jade.
-Ça ma grande, c'est parce que ta maman préfère prévenir que guérir. Un jour, tu vas finir par te blesser dans ton insouciance. … Eeeeeet voilà ! Fini !
Cette exclamation est marquée d'une petite pichenette sur le front, touche finale à l'écran protecteur.
-Alors, on y va ? Ça va être l'occasion pour nous de faire le tour de ces petits restaurants qu'on a pu voir ! La cuisine de Barbarégale, c'est sympa, mais ça finit par lasser deux fois par jour depuis le début.
-Et papa ? On le laisse ici ?
Toujours imperméable à toute l'agitation et au bruit de centaines de touristes qui piétinent la plage, Kaleb ne semble ni prêt ni désireux d'être tiré de ses rêveries. Les trois femmes l'observe pensivement quelques instants, jusqu'à tant que Jade extirpe son téléphone du sac de plage et ne propose sa solution avec un sourire malicieux.
-Je lui envoie un SMS avec notre plan d'action. Il nous rejoindra quand il aura fini. Et maintenant, s'exclama-t-elle en rangeant le téléphone, en avant mauvaise troupes !
Le petit groupe se met ainsi en branle, remontant la piste qui mène vers la ville, logée un peu plus à l'ouest.
-On devrait peut-être remettre nos vêtements au lieu d'y aller en bikini, non ? demande Rose.
~~
Le cœur de Tau bat à tout rompre dans sa poitrine. Ses poumons ont beau être en feu, il n'ose pas se permettre de respirer pour autant – pas tant qu'il ne sera pas certain d'avoir semé le monstre qui les poursuit. À côté de lui, tremblant dans ses bottes, Ekelm prend moins de précautions. Tau pourrait jurer que ses halètements résonnent dans toute la forêt. Il plaque la main sur la bouche de son compagnon d'infortune en tentant d'ignorer le contact moite de la sueur et se campe plus fermement contre le tronc du large arbre derrière le quel ils se sont réfugiés dans l'espoir de passer inaperçus. Oser jeter un coup d’œil derrière eux demande un courage qu'il n'est pas capable de rassembler, mais il n'a pas besoin de prendre ce risque pour savoir que leur chasseur est toujours sur leurs talons. Le floramantis, lui, ne prend pas la peine de dissimuler sa présence. Bruissements de feuilles et craquements de branches accompagnent sa progression.
Si son cerveau n'était pas entièrement obsédé par l'image mentale du pokémon le découpant en morceaux avec ses lames avant de le dévorer en guise de quatre heures comme vengeance pour s'être intéressé de trop prêt à ses œufs, Tau aurait pu éprouver de l'admiration pour le pokémon. L’âpre obstination avec la quelle il les avait pourchassé sur plusieurs centaines de mètres de végétation dense et difficilement praticable lui fait honneur. Persévérant, dévoué et talentueux, c'est le genre de pokémon qu'il a toujours rêvé de pouvoir un jour ordonner. Malheureusement, dans sa situation actuelle, le peu de puissance mentale qu'il arrive à arracher aux griffes de la peur il préfère la consacrer d'abord à trouver un plan pour se sortir de ce pétrin plutôt qu'à jeter des fleurs à son possible bourreau-en-devenir. Et force lui est de constater que ses options sont très limitées, et n'ont fait que s'étrécirent encore quand il est devenu clair que le terrain les désavantage plus que leur poursuivant.
Les craquements se rapprochent encore. Plus près, plus resserrés. Ils emplissent tout l'espace. Le monde semble se vider de toute couleur, de toute forme, de toute profondeur. Même le temps reste suspendu. Seul compte ces bruits qui deviennent les seuls repères dans cet univers crépusculaire.
Et la tête du floramantis émerge de derrière le tronc.
Dans son état normal, Tau aurait hurlé du haut de ses poumons ; hypnotisé par la situation actuelle comme un vivaldaim devant les phares d'une voiture il ne peut que rester tétanisé. Son salut réside dans la forme de l'arbre : légèrement bombé, il constitue la cachette idéale. Le regard de la créature se contente de scruter les fourrés alentours et échoue à remarquer les deux gamins collés dans son léger renfoncement. Sont-ils vraiment aussi profondément enfoncés dans leur abri qu'ils pourraient possiblement l'être ? Tau n'en gage pas, mais la crainte qu'un mouvement n'attire l'attention le retient de s'en assurer. La seule chose qu'il ose, c'est une prière silencieuse et immobile à Tokopyion.
Totem ou astre, les esprits sont avec lui en tout cas. Aussi soudainement qu'elle est apparue, l'apparition fantasmagorique se retire. On peut l'entendre faire quelques pas dans la clairière, hors de vue. Elle hésite, renifle, inspecte d'autres pistes.
« Faites qu'elle parte, récite mentalement Tau comme un mantra. Qu'elle s'en aille, que ce cauchemar disparaisse. »
C'est le moment que choisi un spododo solitaire et qui dormait au pied de l'arbre qui sert de refuge à nos deux héros pour sortir de sa torpeur. Ils n'avaient pas remarqué la petite créature dans leur agitation première, mais c'est un nouveau problème qu'il ne peuvent maintenant plus ignorer. Le pokémon ne semble qu'amical et curieux au premier abord, mais le moment est mal choisi.
« Chut ! » lui souffle Tau, craignant que les couinements du champignon ne finissent par attirer l'attention sur leur cachette, mais la situation empire encore quand il commence à pousser de petits cris d'excitation devant ces grands humains perchés au-dessus de lui. En désespoir de cause, le garçon décide de se pencher un peu en avant pour repousser l'adorable mycose du bout de sa chaussure ; il ne se rend compte que trop tard qu'il n'avait toujours pas libéré Ekelm de son emprise, oubliant totalement l'asphyxie de son infortuné camarade, désormais violacé, sous le coup du stress. La pauvre victime ne peut s'empêcher d'aspirer l'air par grandes goulées bruyantes, désespérée de retrouver son souffle ; dans le même temps le spododo sauvage, indigné d'être malmené de la sorte, se venge en envoyant gicler un bon nuage de spores au visage des voyous.
La rencontre de ces semences éparpillées avec des voies respiratoires innocentes est explosive. Si Ekelm semble d'abord s'étouffer sous le coup de l'invasion, son malaise se développe rapidement et avec moult soubresauts en un puissant éternuement qui détonne comme un coup de fusil sous la canopée. La forêt entière se tait d'abord, ahurie par ce développement... et le monde s'écroule sur les deux garçons dans un rugissement terrible.